La langue française est la langue du vieux peuple. Elle conte une histoire qui a ses moments de gloire et de déchéance. Chaque mot est un état d’esprit, une construction qui exprime un moment, une idéologie. Bref, le mot est notre histoire de vie et il est important de les protéger. Découvrons un mot que j’adore, j’affectionne particulièrement, celui de « nonobstant ». Qu’il est magnifique mais tellement complexe. En effet il vient d’abord de la construction « non obstant ». Non est issu de « neonum » lui-même constitué de « ne » « unum », c’est-à-dire « non-un ». A chaque fois que vous dites non vous êtes en train de dire, de suggérer que la chose dont on parle est tout simplement non-un, donc qu’elle n’existe pas. N’est-ce pas déjà merveilleux ? Non, c’est tout ce qui n’appartient pas à UN! Et vous pouvez le tourner dans tous les sens, non reste non, c’est un magnifique anagramme.
Obstant quant à lui, nous vient de »ob » et « stare ». Ob signe une position « devant » et « stare » signifie « se tenir ». Donc « obstare » veut dire: faire obstacle. Remarquez que le mot obstacle est issu de « obstare »!
Donc nonobstant veut dire « ne faisant pas obstacle ». Ce qui aujourd’hui se traduit par le mot malgré. Mais entendons bien celui-ci. Mal gré de mauvais gré ce qui nous amène à comprendre que nous ne sommes pas en accord avec la chose dont on parle mais nous l’acceptons tout de même. Il y a ici une notion cachée qui prend le nom de tolérance. Ainsi, nonobstant vos idées que je ne partage pas, je me battrai tout de même afin que vous puissiez les exprimer. On attribue souvent cette phrase à Voltaire qui ne l’a jamais écrite. C’est une phrase apocryphe mais peu importe elle exprime pleinement ses idées de tolérance.
Un autre mot qui prend le sens de « malgré que » est le mot néanmoins. Attention rien à voir avec un nez en moins ce qui agacerait sans nul doute Monsieur de Bergerac, mais avec la composition de « néant » et de « moins ». Moins que rien c’est déjà quelque chose disait le grand Devos. Mais « moins que né en » c’est nous conduire à la source de notre existence. Elle n’est donc pas intérieure. Cela devient intéressant. Comme quoi d’un mot nous franchissons le Rubicon et sur le dos de Pégase nous rejoignons la cohorte des illustres constellations qui sourient à notre agitation intellectuelle. Nonobstant toutes ces petites chicanes, continuons à employer le français, la langue des francs, celle des femmes et hommes libres.
Bon Vent
J.Motte
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