Voilà une belle entrée en matière sur le "métier" d'enseignant. Je le mets entre parenthèses car enseigner un art n'est pas un métier c'est un apostolat. Il n'y a rien a gagner, surtout pas de l'argent. Le gain, s'il s'invite au détour du chemin est celui des rencontres et des amitiés qui se tissent, formant une toile de fond aux motifs évolutifs, haute en couleur et émotions. En règle générale, enseigner un art comme l'acupuncture est aussi un sacerdoce, une vie que vous sacrifiez (rendre sacrer) pour transmettre des valeurs humanistes essentielles à l'évolution de tous.
Ce que nous dit Tchouang Tse est important à bien comprendre. Un enseignement ne peut être l'expérience. Et à ce propos, un bon enseignant enseigne en général ses échecs qui lui appartiennent et ne peut aucunement transmettre les réussites qui sont issues du Ciel. L'échec est donc la non-conformité aux règles qui président au TAO. Dès que vous êtes aligné, que vous êtes serein et calme, que vous gardez votre centre, alors, dans ce moment de grâce, vos actes sont guidés par un souffle qui vous dépasse. Vous devenez l'outil de l'Unité.
Dans le cas contraire, si votre esprit est agité, non-conforme à l'instant qui passe, vos actes sont guidés par la raison et le désir, et l'acupuncture devient votre outil.
Il y a donc deux états et rien de plus ou de moins. Soit vous êtes l'outil, soit vous utilisez un outil. Bien évidemment, lorsque vous avez goûté à cette connexion entre ciel et terre il est frustrant de se retrouver à utiliser un outil. Mais cela arrive constamment car, comme on ne peut maintenir un sabre parfaitement affûté, on ne peut se maintenir tout le temps aligné. Les vicissitudes de la vie nous montrent encore une fois l'alternance du Yin et du Yang, que cela soit sur une journée, une année ou une vie. Soyons en quête de notre vertu sans chercher à être vertueux.
Jean Motte
Enseigner, ce n'est pas remplir un vase, c'est allumer un feu . Montaigne
