Peut-on parler avec les cons?
Magnifique question en ces temps où la culture, si elle était un avion, raserait les pâquerettes. Il y a dans cette question, une dérision car encore une fois, dès que nous posons une question nous vidons notre esprit et nous emplissons un lieu. Cela vous semble étrange? Et bien non puisque la question fut posée! et il faut bien la poser quelques part, nom d’un petit bonhomme. Bien, après cette mise en condition, revenons d’abord, et pour ne pas s’égarer sur des sentiers perdus, vers l’étymologie du mot con. De l’ancien français CUNIL, issu du latin CUNICULUS qui signifie au choix: un lapin, une galerie, un poltron, un sexe de femme. Ah ce dernier nous est familier. N’a-t’on jamais entendu parler du con de la femme ? Et bien nous voilà fixé. C'es
t en fait une galerie, un terrier en référence à un lapin. Allez comprendre pourquoi nous parlons aujourd’hui du minou? Comment le lapin est-il sorti du chapeau sous forme d’un chaton?
Mais con vient aussi d’un autre mot latin CUNNUS (rien à voir avec les cul nus) qui signifie fourreau, gaine. Le mot cunnilingus se comprend sans besoin de faire de beaux dessins anatomiques. Tout cela est assez amusant en fait, car il s’agit de fourrure, de toison, de quelque chose qui cache l’entrée, l’antre de la vie.
Mais revenons à notre question du départ et voyons dans quelle condition cela peut se produire.
Pouvons-nous décemment penser que le con avec qui je tente d’échanger est un lapin? Au risque de passer pour un fou, ou un saint comme saint François d’Assise, parler avec un lapin est peu courant. A moins….à moins que le lapin fasse référence à l’apprenti dans les métiers du devoir. Le lapin court partout, saute dans tous les sens, s’agite et on ne voit que son petit cul tout blanc. Le lapin est donc une personne en devenir qui apprend le métier. Alors oui un con peut être un lapin et nous sommes toujours le con de quelqu’un qui nous amène à nous dépasser et évoluer.
Le con peut-il s’approcher d’une galerie? Oui, car celle-ci est en terre, creusée profondément dans ses entrailles. La galerie nous fait descendre dans les noirceurs insoupçonnées de la terre donc de notre âme cachée. Certains cons ne sont pas encore remontés de cette visite intérieure de leur galerie. Ils sont tellement accrochés à cette matière cachée, une pierre pour certains un charbon pour d’autres que leur sujet de discussion reste très prosaïque. Mais dans toute galerie il y a une entrée qui est aussi une sortie. Un con ne peut rester à vie dans sa galerie. Il y aura un temps, un moment particulier où il se retournera et verra qu’il existe une autre réalité faisant alors l’expérience extatique de la caverne de Platon.
Et si le con signifiait poltron? Parler avec l’un d’eux est-il possible? Bien évidemment que oui! Car en nous tous il y a un poltron et un téméraire qui dorment. Tantôt l’un se réveille, tantôt l’autre mais de toute façon, les deux cohabitent. Poltron vient de pollex truncatus qui se traduit par pouce coupé car ceux qui voulaient échapper au service militaire se coupaient le pouce. On les disaient pleutres. Et bien moi je dis qu’ils avaient du courage.
Enfin peut-on parler avec un sexe de femme? Le vagin devient une oreille attentive à nos doléances. VA, GEINT semble nous exhorter pourtant à passer notre chemin et nous lamenter sur notre propre personne. Ici nous touchons à l’indicible et surtout à de la pure métaphysique. Car parler à un con qui serait synonyme de sexe de femme, nous renvoie de facto au fait que nous sommes le con de nous-même. Nous n’avons besoin de personne pour nous trouver prisonnier de ce que nous refusons le plus chez l’autre. Mais penser que cela est aussi vil que le vagin c’est montrer à quel point notre inculture est grande. Tel Ali baba et ses quarante voleurs, nous nous tenons devant une grotte aux mille trésors (sauf qu’on ne le sait pas encore mais il n’y en a qu’un seul). Et comme Ali, nous cherchons le mot de passe. Et vas-y comme je te pousse: chatte, minou, con, foufoune, sont lancés à tue-tête espérant ainsi qu’une fois la chevillette tirée , la bobinette cherra. Nous sommes de doux rêveurs. A chercher au loin ce que nous avons dans le coeur nous perdons toute crédibilité. Le mot Amour à lui seul suffit. Et il est tellement puissant que le con perd alors sa dimension existentielle, ce pour quoi on eut pu penser qu’il dû être là. En fait il n’est que l’illusion de notre ego qui se refuse à l’humilité devant la merveilleuse existence de la vie. Alors…à tous les cons, je vous aime.
Bon Vent
J.Motte
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